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Pour la création d’un syndicat des pros de l’écrit

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Pour la création d’un syndicat des pros de l’écrit

Les différents métiers de la rédaction pro

Lorsque j’ai décidé de devenir indépendante en 2010, et à la faveur de commandes de différents titres de presse spécialisée marocains, je me suis autoproclamée journaliste freelance. Deux ans plus tard, l’obtention de ma carte de presse me confortait dans l’idée que j’étais journaliste. Et, force est de reconnaître que j’ai réellement travaillé comme telle en développant mes réseaux de sources en fonction des articles à réaliser et des supports, en recoupant les faits et les chiffres, en réalisant des enquêtes de terrain, en adoptant un ton objectif… jusqu’à ce que je prenne conscience que j’étais une professionnelle de l’écrit, un rédacteur freelance multicanal.

Métier : professionnelle de l’écrit

En effet, à mesure de mes différentes missions et au regard des délais de paiement des titres en question, j’ai été contrainte de diversifier mes activités. J’ai donc développé des services d’intervieweuse pour des régies publicitaires en quête de publi-rédactionnels, mais surtout de conseil éditorial pour les entreprises afin de les accompagner dans tous leurs projets offline et online  :

  • création de contenus offline,
  • rédaction web,
  • reportages,
  • rapports et synthèses,
  • réécriture,
  • correction,
  • rédaction en chef,
  • suivi de projets éditoriaux,
  • création de livres d’entreprise…

C’est ainsi que j’ai découvert avec étonnement mon appétence prononcée pour le monde entrepreneurial. J’ai donc rapidement compris que je n’étais pas une journaliste dans l’âme, même si je suis une inconditionnelle de l’information, mais bien une professionnelle de l’écrit, un rédacteur freelance multicanal.

Une frontière floue entre journaliste et rédacteur freelance multicanal

Au fil du temps et du mûrissement de mon expertise sur ce sujet précis, je prends la mesure de la déconsidération de ce métier, de l’inexistence de règles et de droit à la signature alors même que ses productions, pour les meilleures, peuvent souvent être confondues avec des articles de presse ; une presse qui, par le jeu des achats de liens internet et dans un souci de rentabilité, publie tantôt des publi-rédactionnels dans ses supports écrits rédigés par des rédacteurs freelances multicanal; tantôt des textes (netlinkings) sur ses sites officiels et réalisés par des rédacteurs web.

Cas du netlinking

Un texte de netlinking est un texte informationnel contenant des backlings, notamment vers le site à booster. Considéré comme de l’huile à moteur pour rassasier la boulimie de mots de Google et autres moteurs de recherche, on ne cesse de me dire qu’il est inutile de le soigner et d’y passer trop de temps. Je ne comprends pas cette approche alors même que tous les spécialistes s’accordent à dire qu’un contenu de qualité est tout aussi important que la technique, notamment en SEO. Je la comprends d’autant moins qu’un rédacteur freelance multicanal réalisant un très bon netlinking peut également faire grimper le site qui publie le contenu.

Des journalistes hors-cadre

On notera, au passage, que personne en presse écrite ne s’intéresse aux conditions d’exercice du métier de rédacteur freelance multicanal. Cela peut s’expliquer par le fait que des journalistes, profitant de l’absence de signature, écrivent des articles pour le web ou des publi-rédactionnels pour la presse écrite, contournant ainsi la déontologie de leur métier.

Une nécessaire différence des genres

Ces faits incontestables rendent poreuse la frontière qui, jusqu’à très récemment, marquait la nette séparation entre le genre journalistique et tous les autres écrits. À l’heure des fake news à foison et de l’impopularité de la presse, il est temps de recréer une vraie différence des genres. Cela passe par la création d’un statut spécifique pour les rédacteurs freelances multicanal oeuvrant online et offline.

Rédacteur freelance multicanal : les inconvénients

Outre ces différents constats, je déplore la rareté de l’offre de formation relative à la rédaction professionnelle, particulièrement numérique. Elle est trop souvent déclassée, alors même que les rédacteurs freelances multicanal ou spécialisés web utilisent, pour certains textes, les mêmes  techniques que les journalistes afin de produire des écrits de qualité identique.

Des écrits non protégés

Mais, pour beaucoup, ce savoir-faire et cette qualité sont à portée de tous. En effet, il n’est pas rare que des graphistes ou des consultants en référencement s’arrogent le droit de couper ou de charcuter vos textes, sans retenue aucune, quitte à sacrifier le sens premier, et ce, sans vous informer.

Il existe également des clients qui, sans aucune gêne et avec la pire mauvaise foi du monde, s’approprient votre texte, publient 90% du contenu original après y avoir apporté quelques modifications par-ci par-là, sans tenir compte du travail SEO fourni, et ont le culot d’affirmer que votre texte est truffé de faussetés et de coquilles, que tout a été réécrit…

Il me semble important que les textes produits soient mieux respectés ainsi que leurs auteurs.

Une réelle paupérisation de certaines spécialités

Enfin, je m’inquiète de la paupérisation de plus en plus nette de ceux que j’ai entendu qualifier d’« ouvriers de la COM », les rédacteurs web. J’ai failli m’étouffer ! Puis, quand j’ai repris mes esprits, je devais bien me rendre à l’évidence qu’à force de tirer sans cesse les prix par le bas, de commander des textes à Madagascar, certains rédacteurs, diplômés à Bac+3/Bac+5, sont obligés d’accepter des tarifs indignes de leurs compétences, notamment sur certaines plateformes comme Scribeur ou autres agences éditoriales qui ont actuellement tendance à pousser comme des champignons.

Tous ces éléments m’amènent donc à m’interroger sur l’avenir de mon métier de professionnelle de l’écrit, plus particulièrement de rédacteur freelance multicanal. Si la presse a su gagner ses lettres de noblesse en créant un syndicat, une carte professionnelle, régulant ainsi les acteurs du secteur, pourquoi n’en serait-il pas de même pour les rédacteurs dont les productions couvrent un champ plus large ? Ne serait-ce pas la solution pour sortir de cette frontière floue qui s’est instaurée insidieusement entre les deux genres sur la toile, mais aussi, à l’écrit au sein de la presse spécialisée ?

Pour répondre à cette question, je me suis lancée dans la rédaction d’un livre blanc – à découvrir très prochainement – pour définir ce qu’est un journaliste et les différentes familles de professionnels de l’écrit, comme les rédacteurs freelance multicanal, mettre en exergue ce qui les distingue vraiment, enfin définir ce que pourrait être la charte du rédacteur dans le cadre de la création d’un syndicat professionnel des professionnels de l’écrit (hors journalistes, écrivains et écrivains publics), qu’ils soient freelances ou non.

SL Rédac milite pour la création d’un Syndicat professionnel des pros de l’écrit. Vous êtes rédacteur ou exercez une activité connexe à la production de contenu ?
Vous souhaitez prendre part à cette aventure ?

N’hésitez pas à me contacter !

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Une réponse

  1. […] Droit à la signature : institutionnalisation d’un choix laissé à la discrétion d’un professionnel de l’écrit de signer ou non ses textes ; quel que soit ce dernier, ce droit lui permet de retrouver pleinement son droit moral sur ses productions. […]

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